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À l'origine du Centre de musique romantique française, il y avait le désir de maintenir le palais vénitien dans le domaine public. Une riche mécène, Nicole Bru, lui a apporté un soutien indéfectible, et notre convive de se remémorer la réunion qui devait décider de l'envergure du projet. Partis du répertoire chambriste, plus économe, les protagonistes ont vite avoué qu'une redécouverte du patrimoine musical français de l'ère romantique à la mesure de leurs ambitions passait en réalité par les genres lyriques et symphoniques, ce qui évidemment quadruplait le budget. Mais l'appui financier n'a pas été remis en cause – bel exemple de courage pour la défense de l'art.
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Ce jeune compositeur trentenaire, dont le langage personnel se veut accessible à un large public, n'est pas issu d'une famille musicienne, mais a montré précocement des dispositions pour la musique – plongé dans un traité d'harmonie à sept ans, il a rapidement improvisé sur le piano du foyer natal, à Brest, et a tenté très tôt de déchiffrer l'Opus 111 de Beethoven. Entré au Conservatoire de Paris à 18 ans, il se reconnaît des professeurs – parmi lesquels ceux d'analyse lui ont apporté beaucoup – mais pas de maître. Il confesse une profonde admiration pour Dutilleux, qu'il regrette n'avoir jamais abordé, et comme ce grand monsieur récemment disparu, il aime mûrir ses œuvres, travailler sur le timbre, les mimétismes de couleurs. Ainsi, dans l'une d'entre elles, il joue sur les fréquences inhabituelles du violoncelle, ailleurs il essaie de reproduire des attaques avec des instruments non accordés, manie la scie musicale. Après deux ans de résidence en composition à la Casa Velasquez à Madrid, il est parti six mois à la fondation Kujoyama au Japon, où il a été fortement impressionné – en particulier par les nombreux aspects cachés de la vie sociale nipponne, contraignant souvent à passer par des intermédiaires pour des demandes qui, en Europe, se feraient directement.
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