Autour d’une table et d’un verre à l’étage du Falstaff, on apprend ainsi que les origines transalpines de son nom remontent à trois ou quatre générations. Elle a commencé le piano à huit ans à Montpellier, d’abord par émulation familiale, son frère jouant lui aussi de la musique. Montée à Paris à 16 ans, elle travaille avec Olivier Gardon au CRR de la rue de Madrid puis au CNSM, se perfectionne en Italie, à Imola, et y rencontre Boris Petrushansky, qui devient son maître : son piano ne sera pas intellectuel et engagera physiquement son corps – on sait que le soliste russe fut élève entre autres de Neuhaus, cousin de Szymanowski qui forma Richter ou Guilels.
Ce jeune compositeur trentenaire, dont le langage personnel se veut accessible à un large public, n'est pas issu d'une famille musicienne, mais a montré précocement des dispositions pour la musique – plongé dans un traité d'harmonie à sept ans, il a rapidement improvisé sur le piano du foyer natal, à Brest, et a tenté très tôt de déchiffrer l'Opus 111 de Beethoven. Entré au Conservatoire de Paris à 18 ans, il se reconnaît des professeurs – parmi lesquels ceux d'analyse lui ont apporté beaucoup – mais pas de maître. Il confesse une profonde admiration pour Dutilleux, qu'il regrette n'avoir jamais abordé, et comme ce grand monsieur récemment disparu, il aime mûrir ses œuvres, travailler sur le timbre, les mimétismes de couleurs. Ainsi, dans l'une d'entre elles, il joue sur les fréquences inhabituelles du violoncelle, ailleurs il essaie de reproduire des attaques avec des instruments non accordés, manie la scie musicale. Après deux ans de résidence en composition à la Casa Velasquez à Madrid, il est parti six mois à la fondation Kujoyama au Japon, où il a été fortement impressionné – en particulier par les nombreux aspects cachés de la vie sociale nipponne, contraignant souvent à passer par des intermédiaires pour des demandes qui, en Europe, se feraient directement.