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Catherine Kollen
Catherine Kollen - photo DR

 

Fidèle à sa vocation et à son attention à l’égard des jeunes talents et de ceux qui les soutiennent, la PMI reçoit en ce mois de mars Catherine Kollen, directrice de l’Arcal depuis 2009 et dont Pedro-Octavio Diaz résume le parcours : formée en musicologie autant qu’en gestion des affaires culturelles, elle passe au Gewandhaus de Leipzig, avant derejoindre le centre de musique vocale de Royaumont qu’elle a contribué à développer dans sa forme actuelle.

L’Arcal se définit comme une compagnie lyrique, imaginée il y a trente ans, destinée à faire se rencontrer des artistes à la croisée du théâtre et de la musique. Notre invitée souligne l’importance de la transversalité entre les arts, entre le spectacle et les sens, sinon le monde, colonne vertébrale du programme de la structure, dont la portée ne manque pas d’être également politique.

fanny azzuro

Fanny Azzuro a 28 ans. Chevelure brune et courte, souriante, elle vient de faire paraître chez Paraty un enregistrement , « Russian impulse », consacré à Prokofiev, Rachmaninov et Kapoustine ; elle est l’invitée de notre second apéro PMi.

Autour d’une table et d’un verre à l’étage du Falstaff, on apprend ainsi que les origines transalpines de son nom remontent à trois ou quatre générations. Elle a commencé le piano à huit ans à Montpellier, d’abord par émulation familiale, son frère jouant lui aussi de la musique. Montée à Paris à 16 ans, elle travaille avec Olivier Gardon au CRR de la rue de Madrid puis au CNSM, se perfectionne en Italie, à Imola, et y rencontre Boris Petrushansky, qui devient son maître : son piano ne sera pas intellectuel et engagera physiquement son corps – on sait que le soliste russe fut élève entre autres de Neuhaus, cousin de Szymanowski qui forma Richter ou Guilels.

Fanny Azzuro (photo © J.B. Millot)

Philippe Hersant (photo DR)

Pour son premier déjeuner de l’année 2015, la PMI reçoit à sa table habituelle Philippe Hersant, l’un des compositeurs les plus joués de sa génération – à juste titre. Jean-Guillaume Lebrun présente, avec un authentique enthousiasme, notre invité, qui fait partie des musiciens « inclassables », à l’instar d’un Dutilleux par exemple. Son œuvre, riche de plus de cent cinquante opus, touche à l’ensemble des genres, du symphonique au lyrique, en passant par le répertoire de chambre ou le concerto, voire la musique de ballet et de film, avec un langage personnel et poétique, qualifié par certains de « clair-obscur », qui enjambe les rivalités de chapelles, audemeurant en voie d’extinction. Les créations de notre hôte bénéficient souvent de reprises par nombre d’interprètes, et lui valent la reconnaissance par la profession comme par le public, à l’image des Victoires de la musique dont il fut deux fois lauréat. La dimension sociale de son travail ne lui a d’ailleurs pas échappé, composant pour le festival de Clairvaux à partir d’écrits de détenus.

Philippe Hersant (photo DR)

Compte rendu du déjeuner avec Renaud Capuçon, 23 septembre 2014 (photo © renaudcapucon.com)Renaud Capuçon (photo © renaudcapucon.com)

Violoniste international, chef d’orchestre et directeur de festival, Renaud Capuçon brave une voix presque aphone pour nous faire l’honneur de partager notre table. De ce musicien protéiforme, Michel Le Naour résume le parcours pétri de fidélité – partenaires de jeu, mais on de disque depuis ses débuts, Virgin. Notre ami soulignel’originalité et l’audace des choix du soliste, à l’instar d’un récentdisque associant Bach à un compositeur letton contemporain, et met en évidenceson engagement pour les répertoires délaissés et la création. À cet égard,Renaud Capuçon montre un éclectisme et une absence de préjugés remarquables,dépassant des clivages entre musique tonale et atonale qu’il estime être des archaïsmes français hérités des années d’avant-garde après la Seconde Guerre mondiale.

Hasard malheureux du calendrier, notre restaurant habituel n'étant pas disponible, c'est au Royal Opéra que la PMI reçoit Benoît Dratwicki, directeur artistique du Centre de musique baroque de Versailles, et principal coordinateur de l'année Rameau en 2014. Notre déjeuner se trouve ainsi placé sous le signe de la musique française, que notre convive sert depuis treize ans à Versailles, et depuis 2009 aux côtés de son frère Alexandre, lequel est en charge du Palazetto Bru Zane.

À l'origine du Centre de musique romantique française, il y avait le désir de maintenir le palais vénitien dans le domaine public. Une riche mécène, Nicole Bru, lui a apporté un soutien indéfectible, et notre convive de se remémorer la réunion qui devait décider de l'envergure du projet. Partis du répertoire chambriste, plus économe, les protagonistes ont vite avoué qu'une redécouverte du patrimoine musical français de l'ère romantique à la mesure de leurs ambitions passait en réalité par les genres lyriques et symphoniques, ce qui évidemment quadruplait le budget. Mais l'appui financier n'a pas été remis en cause – bel exemple de courage pour la défense de l'art.