L’Arcal se définit comme une compagnie lyrique, imaginée il y a trente ans, destinée à faire se rencontrer des artistes à la croisée du théâtre et de la musique. Notre invitée souligne l’importance de la transversalité entre les arts, entre le spectacle et les sens, sinon le monde, colonne vertébrale du programme de la structure, dont la portée ne manque pas d’être également politique.
Autour d’une table et d’un verre à l’étage du Falstaff, on apprend ainsi que les origines transalpines de son nom remontent à trois ou quatre générations. Elle a commencé le piano à huit ans à Montpellier, d’abord par émulation familiale, son frère jouant lui aussi de la musique. Montée à Paris à 16 ans, elle travaille avec Olivier Gardon au CRR de la rue de Madrid puis au CNSM, se perfectionne en Italie, à Imola, et y rencontre Boris Petrushansky, qui devient son maître : son piano ne sera pas intellectuel et engagera physiquement son corps – on sait que le soliste russe fut élève entre autres de Neuhaus, cousin de Szymanowski qui forma Richter ou Guilels.
À l'origine du Centre de musique romantique française, il y avait le désir de maintenir le palais vénitien dans le domaine public. Une riche mécène, Nicole Bru, lui a apporté un soutien indéfectible, et notre convive de se remémorer la réunion qui devait décider de l'envergure du projet. Partis du répertoire chambriste, plus économe, les protagonistes ont vite avoué qu'une redécouverte du patrimoine musical français de l'ère romantique à la mesure de leurs ambitions passait en réalité par les genres lyriques et symphoniques, ce qui évidemment quadruplait le budget. Mais l'appui financier n'a pas été remis en cause – bel exemple de courage pour la défense de l'art.