En ce début de saison, l’actualité de Clément Mao-Takacs est foisonnante. Après un récent concert dans la cour Marly, à l’occasion des 120 ans de la Société des Amis du Louvre, il retrouvait ces jours-ci l’auditorium du musée pour un programme autour de Debussy et la danse, composé d’orchestrations de pages pour piano réalisées par le chef d’orchestre lui-même. Quelques semaines auparavant, avec ses musiciens il était au Musée d’Orsay pour un programme viennois en hommage à Henry-Louis de La Grange, le fondateur de la Médiathèque musicale Gustav Mahler. On ne s’étonnera pas de cette fréquentation assidue des musées chez un musicien qui prône toujours le rapprochement des arts ; il n’a pas donné par hasard à son orchestre le nom de Secession, ce mouvement viennois prônant le renouveau et le dialogue des arts. Comme ces artistes du siècle dernier dont il invoque le nom, Clément Mao-Takcas refuse de se laisser enfermer dans un seul répertoire : « Du baroque au contemporain, les musiques se complètent », souligne-t-il. Et de citer ces grands maîtres du concert – Bernstein, Karajan, Kleiber – qui n’ont jamais cessé de diriger l’opéra.
Dans un catalogue riche en pièces instrumentales, de chambre et pour ensemble, la voix et le texte occupent une place toute particulière, depuis Œil de fumée en 1956 jusqu’à son opéra Le Premier Cercle, créé quarante ans plus tard à l’Opéra national de Lyon, salué par la critique comme l'un des événements les plus marquants de la création lyrique en France de ces dernières années. Les 5 et 6 novembre 2016, Radio France lui rend hommage pour ses 80 ans à travers une série de cinq concerts intitulée « À la rencontre de Gilbert Amy ».
C’est en 1987 que ce jeune conseiller en éducation musicale de Seine-Saint-Denis, impuissant à faire chanter les écoles au sein de l’Éducation nationale, décide de créer ce Centre avec le soutien du Théâtre Jacques-Prévert d’Aulnay-sous-Bois. Avec une conviction chevillée au corps, inchangée depuis trente ans : on ne peut devenir un adulte épanoui et un citoyen porteur de véritables valeurs sans avoir eu une pratique artistique dans l’enfance.
Un projet artistique pour valoriser l’être humain, grâce auquel – comme l’a souligné Albert Jacquard, parrain du 20e anniversaire du Créa – chacun peut réussir à s’accomplir sans nul esprit de compétition. Avec le chant comme prétexte d’une éducation globale valorisant l’écoute, la concentration, le respect, le partage.
Initialement violoniste, Lionel Sow est détenteur d’un nombre impressionnant de prix du CRR et du CNSMD de Paris : harmonie, contrepoint, fugue (dans la classe de Thierry Escaich), direction de chœur (dans celle de Patrick Marco), direction de chant grégorien, écriture XXe siècle et contrepoint Renaissance. Il ne manque pas de cordes à son arc pour diversifier ses activités et ses centres d’intérêt. Mais c’est surtout sa passion pour la vie musicale, la pédagogie, ou plus largement son envie de faire bouger les lignes, qui ressortent de son discours. L’anniversaire de la Philharmonie est évidemment l’occasion de revenir sur les atouts de ce formidable outil.