Créé sur la scène de l’Opéra de Paris le 21 avril 1931 sous la baguette de François Ruhlmann, Guercœur, tragédie lyrique en trois actes et cinq tableaux, paroles et musique d’Albéric Magnard, n’a jamais été repris depuis lors sur une scène lyrique française. Œuvre totale et singulière, Gercoeur s’appuie sur un sujet curieux et assez neuf, mettant en scène l’angoissant problème de la survivance et oppose, en un dramatique contraste, les félicités célestes du renoncement et la souffrance d’ici-bas.
Une intégrale des mélodies et duos du compositeur vient ainsi de paraître au disque réunissant le baryton Tassis Christoyannis et la soprano Véronique Gens avec Jeff Cohen au piano. Cet enregistrement, qui fait l’objet d’une présentation remarquable, permet enfin d’apprécier dans son ensemble ces mélodies, tour à tour graves ou plus légères, brèves ou développées, composées depuis les années de jeunesse jusqu’à celles de la vieillesse. Il reste à souhaiter que les cantates et oratorios de César Franck, en premier lieu Les Béatitudes, comportant huit solistes vocaux, ouvrage si souvent donné au concert jusqu’à la première guerre mondiale et aujourd’hui fort négligé, bénéficient d’un même entreprise de réhabilitation.
Marc Vignal, c'est Mozart, Haydn, Beethoven, Mahler, Sibelius.
Marcel Marnat, c'est Haydn, Moussorgski, Puccini, Ravel, Stravinski.
Guy Erismann, c'est toute la musique tchèque.
Le samedi 13 mai, à l'Archipel, à Paris, avant que le pianiste compositeur Stéphane Blet, également membre de la PMi, joue la Fantaisie en ré mineur, nos mousquetaires ont ramené un peu de sagesse dans la folie de l'année Mozart. Car les idées reçues, loin de disparaître, reprennent parfois vigueur. S'il avait la grâce, Mozart n'était pas un ange, encore moins un artiste maltraité et maudit, mais un homme comme les autres... qui a bien pu mériter le fameux coup de pied administré par l'intendant de son maître Colloredo. Son père, dont on dit parfois tant de mal, a été pour lui une chance que n'a pas eue Haydn, qui a dû tout conquérir de haute lutte : l'un est né musicien, l'autre l'est devenu. Si Mozart reste aujourd'hui plus célèbre que Haydn, c'est grâce à ses opéras, en particulier ce Don Giovanni dont le romantisme a faussé le message. Il n'est pas sûr, d'ailleurs, que son génie dramatique ne se manifeste pas tout autant dans ses œuvres instrumentales. De même, son adhésion à la franc-maçonnerie ne se limite pas à aux œuvres s'en réclamant explicitement. Quant au Requiem, il serait ridicule d'y voir une anticipation de sa propre fin. Nos mousquetaires nous le disent : il faut revoir notre Mozart.
Guy Erismann : L'enfant prodige, la brièveté de la vie, Mozart et Salieri, la mort prématurée, le Requiem mystérieux, le divin Mozart...
Marcel Marnat : Ce qui m'intéresse, dans Mozart, ce sont deux problèmes, au XIXe et au XXe siècles. Au XIXe, c'est Così fan tutte : il était proscrit. Au XXe, c'est Amadeus de Milos Forman. Dans les deux cas, Mozart va à l'encontre des idées reçues. Dans Così, il y a cette partie carrée, qui bouleverse le fondement de la culture européenne : la famille. Beethoven et Wagner détestent Così. Pas la musique, le livret. Que ce soit la plus belle des musiques leur importe peu, il y a la vertu qui s'interpose. Ensuite, Amadeus. Certes, Salieri n'est pas mort fou et il y a des erreurs historiques. Mais le personnage de Mozart est enfin plausible, il dit des gros mots, lutine les bonniches sous la table. Le divin Mozart était aussi un homme. C'est un homme qui a composé ce que nous connaissons. Amadeus est le premier grand film sur la grâce et la création. Salieri fait du bon travail, mais il lui manque la grâce.
Marc Vignal : J'ai d'abord préféré La Flûte enchantée, ensuite Così, maintenant Don Giovanni. Si aujourd'hui personne n'ose dire du mal de Mozart, ça n'a pas toujours été ainsi. Le XIXe siècle a fait l'impasse sur Così, sur La Clémence de Titus. On ne la fait plus aujourd'hui. Je me souviens d'une phrase du musicologue suisse Emmanuel Buenzod : « les concertos pour piano de Mozart, c'est bien, mais moins bien que ceux de Beethoven».
Dans des communications d’une vingtaine de minutes chacune, les participants ont fait part en anglais de leurs recherches, découvertes, analyses et/ou interrogations. Il a été question de la réception de Sibelius dans le monde, de son modernisme, de ses rapports avec ses contemporains, de son importance pour les compositeurs d’aujourd’hui, de ses rapports avec la politique nationale et internationale, etc.