La Presse musicale internationale recevait ce mardi 15 octobre Paul-Arnaud Péjouan. Rencontre avec un entrepreneur enthousiaste qui, depuis quarante ans, a fait du Sud-Ouest une terre de piano.
Paul-Arnaud Péjouan cultive sa passion pour le piano depuis sa plus tendre jeunesse. Encore étudiant dans sa ville natale de Toulouse, il a été le co-fondateur avec Catherine d’Argoubet du Festival Piano aux Jacobins en 1980. Depuis 26 ans, il est également le co-directeur artistique avec Jean-Hugues Allard du festival charentais Piano en Valois. C’est en 2009 qu’il a créé à Bordeaux le Festival Esprit du Piano, qui fête sa dixième édition cette année. Ce festival, qui se déroulera du 13 novembre au 7 décembre, a dès sa création emporté un vif succès auprès du public bordelais, succès amplifié depuis l’ouverture en 2013 de l’Auditorium de l’Opéra de Bordeaux, à l’acoustique particulièrement favorable au piano. Paul-Arnaud Péjouan, homme de culture étendue au-delà de la musique et de son expression classique, vient nous parler de la genèse de son festival, et de cette édition anniversaire, qui consacre une grande part au jazz actuel et à ses déclinaisons cosmopolites, et bien sûr aux grandes figures du piano qui ont fait, dès sa première édition autour de celle tutélaire d’Aldo Ciccolini, l’architecture de son festival.
Revendiquant une écoute intuitive et passionnée, Paul-Arnaud Péjouan est un homme curieux : des « jeunes pousses » tout d’abord, qu’il voit s’épanouir notamment dans son festival Piano en Valois, davantage dévolu aux talents en devenir ; du jazz ensuite, qu’il promeut à travers son label « Esprit du piano ». Un homme fidèle bien sûr, à quelques noms illustres (Bruno Rigutto, Ivo Pogorelich) ou à son avis trop méconnus (Jean-Baptiste Fonlupt, Marie-Ange Nguci). S’il ne cache pas sa préférence pour Cuba et les pays asiatiques aux dépens des États-Unis (dont il déplore le manque d’art de vivre) et son peu de passion pour la musique contemporaine trop portée sur la dissonance, Paul-Arnaud Péjouan n’aime rien tant que faire partager son amour pour la musique (« à l’écoute des grands artistes, on sent que la musique c’est plus que la musique » dit-il), la ville de Bordeaux, les arts et la bonne chère ; il n’est que de l’entendre évoquer quelques truculents souvenirs pour s’en convaincre. Un exemple ? le grand Menahem Pressler, tout juste nonagénaire, se régalant au sortir de son concert avec un foie gras suivi d’un magret, puis un dessert agrémenté d’un Armagnac !
Jérémie Bigorie
photo © PMi