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Alexandre Dratwicki et Jérémie Bigorie
Pour son dernier apéritif de la saison en la Bibliothèque La Grange Fleuret, la PMi reçoit justement un habitué des bibliothèques, dont les doigts de sourcier n’ont de cesse de compulser des partitions méconnues du XIXe et du début du XXe siècles : Alexandre Dratwicki n’a pourtant rien d’un « rat de bibliothèque » avec ce que cette expression charrie de dépréciatif et de sinistre. Il n’est que de l’entendre s’exprimer – dans une langue dont le français savoureux n’a d’égal que l’enthousiasme communicatif – pour se convaincre que Nicole Bru, présidente du Palazetto Bru Zane, a su s’entourer de la personne idoine pour valoriser notre patrimoine musical. 

Florentin Ginot PMiFlorentin Ginot partage sa vie entre Paris, Luxembourg (où vit sa compagne) et Cologne (où est basé l’ensemble Musikfabrik). Il y a un côté touche-à-tout chez ce contrebassiste de formation dont la créativité s’étend à d’autres segments : composition, création d’une compagnie (HowHow), travail sur l’espace et les lumières. Le dénominateur commun de toutes ces activités est sans doute la curiosité ; au reste, Florentin Ginot se rendra, à l’issue de notre rencontre, au concert inaugural du festival Manifeste – côté public.

Parmi les rencontres essentielles qui ont jalonné son parcours, il faut citer celles de Joëlle Léandre (essentiellement via le disque) et surtout Frédéric Stochl, contrebassiste de l’Ensemble Intercontemporain aux multiples talents (comédien, danseur) ; de Georges Aperghis, dont il a créé plusieurs œuvres, Florentin Ginot retient non seulement la figure d’un maître du théâtre musical mais aussi d’un artisan au métier très sûr. D’autres compositeurs ont beaucoup compté : György Kurtág, Rebecca Saunders ou Helmut Lachenmann.

Après une formation au CNSMDP, Florentin Ginot intègre l’Ensemble Musikfabrik en 2015. Le mode de fonctionnement particulier (typiquement allemand) de ce collectif lui donne une marge de liberté appréciable pour mener de front une carrière de soliste… et de compositeur associé au Centre chorégraphique national de Caen (de 2023 à 2025). De quoi questionner le statut de compositeur aujourd’hui et entreprendre des initiatives originales, avec la complicité d’Alban Richard (directeur du centre).

Pmi Christine GastaudPianiste, professeur de piano au Conservatoire National de Région de Nice, créatrice et directrice artistique du festival « Les Nocturnes du Piano » et présidente de l’association « Le Piano en Liberté », Christine Gastaud peut être fière du travail accompli : de passage à Paris, elle a pu écouter le 1er Prix de la première édition du concours (2022), Ryan Wang (15 ans !), qui se produisait le 31 mars à la Fondation Louis Vuitton. Une consécration, à la fois pour le jeune prodige canadien, mais aussi pour l’expertise du jury du concours dont l’essor naquit de l’intuition de Christine Gastaud : faire d’un lieu insolite et atypique, l’Hippodrome de la Côte d’Azur à Cagnes-sur-Mer, un lieu de concert. 

nathan mierdlÀ la Bibliothèque La Grange-Fleuret, la PMi accueille Nathan Mierdl, nouveau violon solo de l'Orchestre philharmonique de Radio France.

Passé par l'Académie de l'Orchestre de Paris puis par celle de l'Orchestre philharmonique de Radio France, qu'il a rejoint après un bref passage à l'Orchestre national de France, Nathan Mierdl vient d'y être nommé premier violon solo. À 24 ans, il se réjouit de ce changement de statut qui s'est fait sans stress excessif, adoubé par les musiciens au sein d'une formation qu'il connaît bien, et dont il apprécie l'étendue du répertoire : la musique d'aujourd'hui – il a ainsi participé à la création de L'Inondation de Francesco Filidei et des Éclairs de Philippe Hersant – mais aussi celle de Haydn, « tellement important pour un orchestre ».

mathieu herzogC’est un Mathieu Herzog connaisseur des lieux qui nous fait face : non seulement l’altiste a rencontré in situ Henry-Louis de La Grange, mais il animait dans l’après-midi une masterclass dans la cadre du Centre européen de musique de chambre – ProQuartet. Il en a profité pour consulter le fonds particulièrement riche que la BGF met à disposition des musiciens et musicologues.

En 2015, Mathieu Herzog créée l’orchestre chambriste Appassionato, dont l’idéal se réclame de ce que Claudio Abbado avait façonné avec l’Orchestre de Lucerne où officiaient Sabine Meyer, Natalia Gutman, le Quatuor Hagen... Une carrière qui s’ajoute plus qu’elle ne substitue à celle d’altiste au sein du Quatuor Ébène : l’archet ne le quitte jamais, que ce soit en tant que musicien (les opus 130, 131, 132 de Beethoven restent pour lui une source intarissable) ou en tant que professeur fort de quinze années d’expérience en quatuor (classes de maître ou cours particuliers donnés à son domicile suisse à des élèves venus du monde entier).
Fils du directeur du conservatoire de Boulogne Alfred Herzog, Mathieu a très tôt baigné dans la musique « classique » de manière immersive. A telle enseigne qu’il lui a fallu attendre la fin de l’adolescence pour s’ouvrir à d’autres styles de musique, au service desquels il entame une activité parallèle d’arrangeur. Aujourd’hui, il met son talent d’arrangeur au service de Debussy (orchestration de La Cathédrale engloutie) et d’autres compositeurs (réduction pour l’effectif d’Appassionato de l’ouverture du Vaisseau fantôme, de L’Apprenti Sorcier…). À ces deux occupations il convient d’en adjoindre une autre : rédacteur d’un livret d’opéra sur les derniers jours de la vie de Bizet, anéanti par l’échec de Carmen. Ce livret attend toujours son compositeur…