Parmi les célébrations du cent cinquantenaire de Sibelius, né le 8 décembre 1865, une des plus importantes a été la Conférence internationale organisée du 4 au 8 décembre à Hämeenlinna, sa ville natale, à une centaine de kilomètres au nord d’Helsinki. Sixième du genre (une tous les cinq ans depuis 1990), elle réunissait notamment une soixantaine de « spécialistes » de plusieurs pays : Allemagne, Angleterre, Estonie, Etats-Unis, Finlande, France, Israël, Italie... Marc Vignal évoque ici ce grand rendez-vous autour de l'œuvre du compositeur finlandais.
Jean Sibelius (photo DR)
Dans des communications d’une vingtaine de minutes chacune, les participants ont fait part en anglais de leurs recherches, découvertes, analyses et/ou interrogations. Il a été question de la réception de Sibelius dans le monde, de son modernisme, de ses rapports avec ses contemporains, de son importance pour les compositeurs d’aujourd’hui, de ses rapports avec la politique nationale et internationale, etc.
Certaines de ses pages ont été musicalement examinées à la loupe, et sa biographie largement prise en compte. L'auteur de ces lignes a parlé de Sibelius et Mahler. Particulièrement frustrante pour ceux ne maîtrisant ni le suédois ni surtout le finnois s’est révélée la contribution de Vesa Sirén, critique musical du quotidien Helsingin Sanomat. Il nous a appris (ou confirmé) que des lettres de Sibelius au chef d’orchestre suédois Tor Mann avaient été découvertes en 1997, que d’autres, destinées à son beau-frère le chef d’orchestre Armas Järnefelt, l’avaient été en 2004, avec en particulier des indications métronomiques très précises pour La Fille de Pohjola, que les archives de Robert Kajanus contenant des lettres de Sibelius, Grieg et autres étaient disponibles depuis 2007, ou encore que les causes du tremblement de main de notre compositeur avaient été analysées en 2011-2012 : ni l’alcool, ni Parkinson. De ces précieux documents, certains écrits font état avec plus ou moins de détails en Finlande.
La Conférence internationale Jean Sibelius à Hämeenlinna n’offrait pas que des séances de « travail ». Il y eut la visite de la maison natale, et aussi trois concerts. Un de musique de chambre, de piano et de mélodies par de jeunes artistes issus de l’Académie Sibelius d’Helsinki, dans une salle de l’hôtel de ville après une somptueuse réception par la municipalité. Un dans une église par l’orchestre d’harmonie et des étudiants en classe de direction de l’Académie Sibelius, avec en alternance des œuvres de Nielsen et de Sibelius. Et un le 8 décembre par l’Orchestre symphonique de la Radio d’Helsinki dirigé par Hannu Lintu, son chef depuis août 2013, pour célébrer l’anniversaire, et en présence du président de la République : Tapiola, Concerto pour violon, Deuxième Symphonie. Le 8 décembre 2015 n’est pas passé inaperçu en Finlande. La première chaîne de télévision a largement évoqué l’événement, par des films d’archive, des interview ou encore des reportages à Ainola, la demeure de Sibelius de 1904 à sa mort en 1957. La population d’Helsinki était en outre invitée à se rassembler à midi sur la place du Sénat pour y entonner la partie hymnique de Finlandia, ce que la télévision ne manqua pas de diffuser. Il en alla de même à Hämeenlinna, devant la statue du compositeur représenté jeune. Il faut ajouter que la fête nationale tombait en pleine conférence, le 6 décembre. D’où à Hämeenlinna une vaste Fantaisie de l’Indépendance dans le Palais de Glace, avec patinage, chanteurs, chœurs et autres protagonistes, Sibelius étant là aussi fortement mis à contribution. Heureuse Finlande, qui a donné naissance à un compositeur pouvant être honoré de si diverses façons !