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quatuor belaDistinguer « une personnalité du monde musical dont le travail a incité la critique à reconsidérer une œuvre, un compositeur, une époque ou une tradition » : le rappel de cette clause du règlement du Prix, par Jean-Guillaume Lebrun, Président de la PMi, accueillant au Café Falstaff, le 22 mars dernier, le Quatuor Béla, lauréat 2015, justifiait, s’il en était besoin, ce choix, récompensant un ensemble qui, depuis dix ans, défend le répertoire contemporain et la création sous toutes ses formes.

Après avoir dû renoncer à s’appeler Ligeti, leur auteur de prédilection (le nom était déjà pris…), les quatre musiciens ont choisi le parrainage de Bartók, qui symbolise idéalement, par son œuvre et son parcours d’ethnomusicologue, autant une volonté de décloisonner les cultures que de concilier avant-garde et enracinement populaire.  Exemplaire pour des musiciens partenaires du griot malien Moriba Koïta, de l’altiste celte (ex-Arditti…) Garth Knox, et du violoniste folk Jean-François Vrod.

Pablo Heras Casado (photo DR)Moment phare de la vie de notre association, le Grand Prix Antoine Livio est décerné chaque année par la PMi à − pour reprendre les termes du règlement − « une personnalité du monde musical dont le travail a incité la critique à reconsidérer une œuvre, un compositeur, une époque ou une tradition ». Le vote a lieu au cours de l’assemblée générale annuelle, et a élu en décembre 2014 Pablo Heras-Casado, que nous accueillons aujourd’hui pour lui remettre le prix, en notre restaurant habituel, le Louvre-Ripaille.

Pablo Heras Casado et Jérémie Bigorie lors de la remise du prix (photo DR)

Après avoir couronné Alexander Raskatov par le Grand Prix Antoine Livio 2013 en décembre dernier, il allait de soi que la PMI dépêchât une délégation à Lyon pour la création française de son premier opéra Cœur de chien.

En ouverture de ce déjeuner au Caro de Lyon avec le compositeur, accompagné d'Elena Vassilieva, interprète de la Voix « désagréable » du chien et de la Cuisinière, Didier van Moere souligne combien notre association se trouve honorée par cette rencontre et renouvelle nos félicitations après la représentation de la veille. Présent au début du déjeuner, Emmanuel Utwiller, directeur du Centre International Dimitri Chostakovitch, résume alors le parcours du musicien russe, né quatre jours après la mort de Staline. Sa carrière a commencé à Moscou, sa ville natale. Au début des années quatre-vingt, il émigre en Allemagne, puis s'installe en France en 2004, onze ans après avoir été l'invité du festival de Radio France, Présences. Ses liens avec Weinberg et le soutien de la veuve Chostakovitch ont joué un rôle significatif.

Rendez-vous très attendu, le prix Antoine Livio consacre cette année en Leonardo García Alarcón un jeune chef de trente-six ans qui incarne de manière exemplaire un renouvellement dans l'approche du répertoire, en particulier baroque dont il est l'un des spécialistes, tout en soulignant la vitalité de la vie musicale sud-américaine – que le lauréat soit de nationalité argentine ne relève cependant que de la pure coïncidence, sans lien avec le récent conclave. 

Leonardo Garcia Alarcon photo DR

C'est pourtant à Genève que Leonardo García Alarcón s'est installé, ville cosmopolite par excellence, et d'où rayonne une carrière éminemment européenne. Il vient ainsi en voisin à Ambronay, où il est en résidence avec son ensemble Capella Mediterranea depuis plusieurs années, et Alain Buet, le directeur artistique du festival, présent à notre table, ne peut que s'en réjouir, confirmant une vocation de pépinière de talents que ce creuset du baroque désormais trentenaire ne cesse de prouver avec constance.

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