Une récompense venant saluer le travail accompli depuis plus de quinze ans auprès de la Maîtrise de Radio France par une directrice musicale sans aucune expérience préalable des chœurs spécifiques d’enfants, mais séduite d’emblée par un projet conjuguant transmission pédagogique et potentiel artistique. Avec pour axes de travail la reconnaissance de besoins pédagogiques, la cohérence avec les activités des autres formations musicales de Radio France, et l’originalité de la démarche et des répertoires abordés.
L’intelligence et la variété de la programmation, couvrant toutes les époques, de la musique ancienne à la création contemporaine, remet à l’honneur le répertoire pour chœur d’enfants et fait découvrir ou redécouvrir les traditions nationales de nombreux pays.
De même, la grande ouverture d’esprit et le talent de Sofi Jeannin se sont illustrés à la tête du Chœur de Radio France, entre 2015 et 2018, et, depuis 2018, des BBC Singers.
Le Grand Prix « Antoine Livio » sera remis à Sofi Jeannin à l’occasion d’une rencontre avec les membres de l’association le lundi 4 mars prochain.
Au palmarès du Grand Prix « Antoine Livio », Sofi Jeannin retrouve les chefs Leonardo Garcia-Alarcón (2012) et François-Xavier Roth (2018) avec qui elle collabore régulièrement, ainsi que le compositeur et chef d’orchestre Péter Eötvös (2006), dont elle a tout récemment créé les Treize haïkus, dédiés à la Maîtrise de Radio France.
Jérémie Bigorie : À quand remontent tes premières émotions musicales ?
Marc Vignal : Je ne dirais pas que j’ai été « ému ». La première chose dont je me souviens est un spectacle auquel ma mère m’avait emmené au Palais de Chaillot où se produisait la compagnie de danse Janine Solane. Cette compagnie dansait sur la Symphonie pastorale de Beethoven. Je devais avoir 14 ans. Mais j’avais pris des leçons de piano dès 8 ans.
En conservatoire ?
M.V. : Non, je n’ai jamais fréquenté de conservatoire. C’était avec une amie de ma mère. Avec elle, je jouais à quatre mains des symphonies classiques (Mozart, Haydn, Beethoven, Schubert), souvent à la basse, en clé de fa, et me suis familiarisé avec ce répertoire.
En dehors de ça, tu as suivi une scolarité normale dans le primaire et au lycée ?
M.V. : Oui.
Après, tu as suivi des études supérieures ?
M.V. : Sciences-Po, et j’ai été admissible à l’ENA en 1956.
Quand as-tu choisi la musicologie ?
M. V. : Je ne l’ai pas choisie, elle (ou plutôt la musicographie) est en quelque sorte progressivement venue vers moi. J’ai exploré les œuvres, à la radio et transcrites pour piano, puis j’ai fait des rencontres, grâce en particulier au Club des Trois Centres (des Jeunesses Musicales de France) qui organisait des séances d’écoutes de disques au Conservatoire Rachmaninov, avenue de New York. Je m’y suis rendu pour la première fois en avril 1956, alors que je préparais l’ENA, parce que j’avais lu dans le journal des JMF qu’y était organisée une soirée Sibelius, dont j’avais découvert la musique chez des amis en Angleterre deux ans auparavant. C’est au Club des Trois Centres que j’ai rencontré Pierre Vidal, qui s’en occupait, Harry Halbreich et Roger Tellart. Et un peu plus tard aux JMF Jacques Longchampt, le futur critique musical du Monde.
Parmi les rencontres essentielles qui ont jalonné son parcours, il faut citer celles de Joëlle Léandre (essentiellement via le disque) et surtout Frédéric Stochl, contrebassiste de l’Ensemble Intercontemporain aux multiples talents (comédien, danseur) ; de Georges Aperghis, dont il a créé plusieurs œuvres, Florentin Ginot retient non seulement la figure d’un maître du théâtre musical mais aussi d’un artisan au métier très sûr. D’autres compositeurs ont beaucoup compté : György Kurtág, Rebecca Saunders ou Helmut Lachenmann.
Après une formation au CNSMDP, Florentin Ginot intègre l’Ensemble Musikfabrik en 2015. Le mode de fonctionnement particulier (typiquement allemand) de ce collectif lui donne une marge de liberté appréciable pour mener de front une carrière de soliste… et de compositeur associé au Centre chorégraphique national de Caen (de 2023 à 2025). De quoi questionner le statut de compositeur aujourd’hui et entreprendre des initiatives originales, avec la complicité d’Alban Richard (directeur du centre).