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Florentin Ginot PMiFlorentin Ginot partage sa vie entre Paris, Luxembourg (où vit sa compagne) et Cologne (où est basé l’ensemble Musikfabrik). Il y a un côté touche-à-tout chez ce contrebassiste de formation dont la créativité s’étend à d’autres segments : composition, création d’une compagnie (HowHow), travail sur l’espace et les lumières. Le dénominateur commun de toutes ces activités est sans doute la curiosité ; au reste, Florentin Ginot se rendra, à l’issue de notre rencontre, au concert inaugural du festival Manifeste – côté public.

Parmi les rencontres essentielles qui ont jalonné son parcours, il faut citer celles de Joëlle Léandre (essentiellement via le disque) et surtout Frédéric Stochl, contrebassiste de l’Ensemble Intercontemporain aux multiples talents (comédien, danseur) ; de Georges Aperghis, dont il a créé plusieurs œuvres, Florentin Ginot retient non seulement la figure d’un maître du théâtre musical mais aussi d’un artisan au métier très sûr. D’autres compositeurs ont beaucoup compté : György Kurtág, Rebecca Saunders ou Helmut Lachenmann.

Après une formation au CNSMDP, Florentin Ginot intègre l’Ensemble Musikfabrik en 2015. Le mode de fonctionnement particulier (typiquement allemand) de ce collectif lui donne une marge de liberté appréciable pour mener de front une carrière de soliste… et de compositeur associé au Centre chorégraphique national de Caen (de 2023 à 2025). De quoi questionner le statut de compositeur aujourd’hui et entreprendre des initiatives originales, avec la complicité d’Alban Richard (directeur du centre).

 

A paru l’année dernière un disque Bach/Biber (NoMadMusic), dont Florentin Ginot reprendra une partie du programme (agrémenté d’improvisations) en novembre 2023 à la Philharmonie de Paris. Les projets solistes qu’il nourrit visent à intégrer une partie vidéo à la musique. On se souvient également de sa pièce 26 Chaises –réunissant une série d’interviews d’artistes allemands, français, anglais, américains et néerlandais – créée en 2017 au Festival Présences de Radio France.

S’agissant de la vie musicale française, notre invité salue la dynamique du réseau du spectacle vivant, l’offre importante disponible (sans doute la plus importante avec celle de l’Allemagne à l’échelle européenne) tout en déplorant la dimension centralisée des décisions et le manque d’ouverture des programmateurs à des ensembles étrangers ; ainsi de l’Ensemble Musikfabrik, qui ne s’est produit sur le sol français qu’en de très rares occasions.

Jérémie Bigorie
Photo © Pedro-Octavio Diaz / PMi