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andrei feherDans le cadre de ses « apéritifs », la Presse musicale internationale recevait Andrei Feher. Ce chef d’orchestre de 24 ans est depuis septembre 2014 l’assistant de Paavo Järvi à l’Orchestre de Paris. Répondant aux questions des membres de la PMi, il dessine le parcours d’un jeune chef d’aujourd’hui.

Photo : Henning Høholt

Né en Roumanie, Andrei Feher s’est installé à Montréal avec sa famille à l’âge de 13 ans. Il garde de ses années de lycée le souvenir d’une période très formatrice : après les cours, il pratique la musique avec la chorale, l’orchestre symphonique ou l’orchestre à cordes. C’est là qu’il fait pour la première fois l’expérience de la direction d’orchestre. Puis, au Conservatoire de Montréal, il suit l’enseignement de Raffi Armenian, un ancien élève de Hans Swarowsky, tout en pousruivant l’étude du violon, qu’il pratique toujours aujourd’hui en amateur (« c’est important de ne pas se détacher de la pratique instrumentale » assure-t-il).

 

Chef assistant de Fabien Gabel à l’Orchestre symphonique de Québec pendant deux saisons, Andrei Feher partageait son temps la saison dernière entre le Québec et Paris. Désormais installé à Paris, il se réjouit du travail auprès de Paavo Järvi : « Je l’admire beaucoup. Il a une technique irréprochable, tout est dans ses gestes ». Interrogé sur ses modèles, le jeune chef cite sans hésiter une seconde Bruno Walter, qu’il a vraiment découvert en écoutant la 35e Symphonie de Mozart et chez qui il loue « le soin apporté au caractère ». Karajan ? « Je m’en suis éloigné, mais j’y suis revenu, en particulier pour ses interprétations des poèmes symphoniques de Strauss ». Il évoque aussi sa fascination pour Nikolaus Harnoncourt ou pour Yannick Nézet-Séguin, avec qui il a travaillé à l’Orchestre Métropolitain de Montréal, et il envisage avec plaisir de travailler auprès de Daniel Harding, nouveau chef de l’Orchestre de Paris, la saison prochaine.

Quant à sa propre technique, Andrei Feher dit vouloir travailler dans un esprit chambriste, un échange entre musiciens : « c’est l’oreille qui travaille en premier ». L’important, dit-il, est d’avoir sa technique propre. « Il faut juste savoir ce qu’on veut projeter. À la moindre erreur ou hésitation, l’orchestre le sent tout de suite ». Les questions se font pressantes sur le répertoire que le jeune chef voudrait aborder. Ce qui l’attire, c’est avant tout le romantisme, et ce qui a trait à ses racines : Enesco, Bartók, la musique russe, Tchaïkovski surtout, Dvorak, dont il dirigera l’an prochain la 7e Symphonie à Québec, mais aussi Bruckner (« un voyage spirituel ») ou encore la Symphonie lyrique de Zemlinsky (« un mélange tonal/modal/atonal, parfait pour la construction de l’harmonie »). L’opéra ? C’est « un autre monde ». Mais Andrei Feher se verrait bien diriger Tosca ou Eugène Onéguine.

Pour l’heure, et avant de prendre congé, Andrei Feher nous invite à assister à ses prochains concerts parisiens, Casse-Noisette de Tchaïkovski en février, dans le cadre de la programmation « Jeune public » de l’Orchestre de Paris.

Gilles Charlassier et Jean-Guillaume Lebrun