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Nicolas Bartholomée (photo DR)

Attentive à toutes les formes de diffusion de la musique, la PMi ne saurait se limiter au concert ou à la scène, et avec Nicolas Bartholomée, invité sur l’initiative de Pedro-Octavio Diaz, notre association donne une tribune à l’actualité discographique. Si le nom de son père, le compositeur et chef d’orchestre Pierre Bartholomée n’est pas inconnu de notre table – sont évoqués ses enregistrements des symphonies de Charles Tournemire – notre convive a placé sa carrière sous le signe de l’exigence et de la diversité artistique. En 1999, il fonde le label Ambroisie et compose au fil d’une décennie un catalogue de près de 1500 références, repris ensuite par Naïve. En 2008, il lance Aparté, puis en 2013, Evidence Classics, nouvelle aventure par laquelle il s’attache à donner une tribune aux jeunes artistes.

Nicolas Bartholomée (photo DR)

La question du choix s’impose naturellement. Notre hôte favorise les projets plus que la simple promotion de stars. C’est ainsi qu’il poursuit avec François-Frédéric Guy une intégrale de la musique de chambre de Beethoven, où l’on retrouve Xavier Phillips au violoncelle et Tedi Papavrami au violon pour les Trios. A la différence des majors, parfois mues par des questions de rentabilité immédiate, notre convive s’attache à suivre les artistes sur le long terme, et si les propositions des grandes firmes peuvent s’avérer intéressantes, instillant une évidente tension dans le travail et la négociation avec les musiciens, d’aucuns se sont brûlés les ailes sur l’autel de la gloire facile, et la fidélité, toujours fragile, des solistes, se joue aussi sur cette relation artistique approfondie.

 

Si l’on balaye un assez large spectre de noms au fil de la conversation, d’Ophélie Gaillard à Nikolaï Lugansky ou Louis Schwizgebel, le sort des chiffres ne se fait pas oublier, au travers de l’incontournable et sempiternelle affaire de la « crise ». Bien évidemment, les ressources financières, sur fonds propres, et non spéculatifs comme pour les grandes multinationales, implique des options de développement, sinon des sacrifices, entre autres pour promouvoir des interprètes auxquels on croit. C’est le moment pour démystifier certains volumes, le millier d’exemplaires étant déjà un niveau remarquable. Pour autant, il demeure un public attaché à l’objet disque, qui semble moins prêt de mourir que ce que l’on veut faire accroire, et encourage de fait à réaliser des produits de qualité, où chaque élément, jusqu’à la pochette, s’avère signifiant. Le peu de pertinence des éventuelles aides étatiques ne vient pas ternir cette lueur d’optimisme avec laquelle nous prenons congé de Nicolas Bartholomée, que nous remercions chaleureusement d’avoir accepté notre tablée.

Gilles Charlassier (le 23 avril 2015)